Le mémorable déjeuner de Noël de la ministre Maria Cristina Messa

Le mémorable déjeuner de Noël de la ministre Maria Cristina Messa

« C’est l’événement le plus attendu, et depuis que les enfants ont grandi, ils en sont les gardiens les plus stricts. La division du travail est précise et jalouse. Béa, l’aînée, qui a vingt-cinq ans, est chargée de meubler la table et avec moi de la décoration de la maison ; mon fils Giorgio, vingt ans, et mon mari Paolo supervisent la préparation du déjeuner. Chez nous, à Milan, en effet, la cuisine est une affaire d’hommes. Mon mari est un gourmet passionné, un grand connaisseur de vins et un interprète accompli de spécialités gastronomiques. Pendant des années, il m’a égayé avec des recettes et de la bonne humeur, enrichies par la vivacité des nombreux dîners avec Beatrice et Giorgio. Les célébrations commencent par la décoration de la maison. Parmi mes tâches est d’extraire des boîtes, où elles reposent depuis le Noël précédent, une série de petites crèches, données et accumulées au fil des années et pas toujours belles, et de les disposer ici et là, en guise d’annonce et d’aperçu de la vraie crèche, précisément que, avec l’arbre de Noël, elle est montée par les garçons suivant l’inspiration à Sant’Ambrogio, le 7 décembre.

le Menu du dîner de Noël C’est toujours la meme chose. Même les fournisseurs n’ont pas changé. Les préparatifs commencent bien à l’avance en commandant le gigantesque au boucher dinda qui constitue le flux central et au boulanger Massimo di via Oxilia sa fameuse étoile du pain de Noël qui dominera le centre de la table de près de trois mètres qui depuis des années nous accueille aussi en une quinzaine d’enfants, oncles, cousins, grands-parents, petits-enfants. La cuisine bat son plein deux jours avant le déjeuner pour la préparation du pâté de foie, spécialité de mon mari. La recette de référence est celle du Talisman du Bonheur d’Ada Boni, dit «Tarte au foie», entouré de gelée, avec des variations thématiques introduites par une tante de Paolo. Je n’aime pas beaucoup le foie, mais à Noël c’est aussi un plat incontournable pour moi.

Le dinda est très travailleur, farci de prunes, de saucisson et de marrons sautés selon une recette familiale. Une fois cuit au four pendant au moins trois heures, le gros « effort » est le désossage. Il est porté à table tranché surmonté de la garniture et mouillé de la sauce de cuisson relevée de Marsala. Le seul plat d’accompagnement est Cremona fruit mostarda, choisi parmi les plus épicés. Cette année j’attends des nouvelles car pendant le confinement fils et mari se sont déchaînés dans la cuisine, Bea est devenue végétarienne et moi, pris du nouveau poste, pourrai moins prêter main forte dans mon rôle de bricoleur chez les fournisseurs, cuisine , et des coups de fil, pendant que je vérifie le service : les assiettes de la liste de mariage de notre mariage (il y a maintenant trente-deux ans !), les couverts en argent de ma belle-mère et les verres renouvelés chaque année.

Quand ça arrive le 24 au soir tout est prêt. Les rouges millésimés choisis par mon mari, avec une nette préférence pour le Piémont, ont été carafés, les blancs sont froids à point, dans les cruches attend le Bellini revisité avec une goutte de gin, sur les plateaux le panettone salé de la pâtisserie historique boutique San Gregorio, apportée par maman. Pour l’occasion je porte la bague de fiançailles en diamant et une précieuse montre cadeau de ma tante. Et c’est à ce moment que je ressens toute la chaleur d’une grande famille unie. Le déjeuner s’ouvre avec du saumon fumé et le légendaire « pasticcio »; puis vient la dinde, et enfin le panettone et le pandoro à la crème de mascarpone, réalisés par Paolo et Giorgio, qui rivalisent chaque année avec ceux apportés par les convives, sans jamais vainqueur incontesté. Il y a une confusion affectueuse et quelques hoquets. Historique celui de la chienne Athéna qui a mordu dans l’une des lumières du sapin de Noël et s’est brûlée (rien de grave, elle va bien). Après le panettone et le toast, c’est la distribution des cadeaux et la soirée se termine. La seule nouveauté de ces dernières années est que le réveillon de Noël les amis les plus proches sont autour de la table tandis que la réunion avec les membres de la famille, nous fêtons le 25. Une division des tâches, une multiplication des affections ».

Photo Ag.Contraste

Ronan Il Quadrifoglio
Ronan Il Quadrifoglio

Ronan, rédacteur pour Il Quadrifoglio, marie sa passion pour la cuisine italienne à un style rédactionnel riche et captivant. Expert en tendances culinaires, ses articles offrent une immersion gustative unique, faisant de chaque plat une histoire à découvrir.